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En 1993, à 19 ans, l'Indienne Dicky Dolma réussissait, après une solide préparation, l'Everest en compagnie de deux autres Indiennes, cela dans le cadre d'une expédition féminine indo-népalaise. Six ans plus tard, le jeune femme confie : "l'Everest, c'est comme un rêve qui m'encourage à avancer dans ma vie".

Dans la maison de son frère à Manali, l'alpiniste se fond dans la famille. Elle passe de la cuisine - où elle prépare le traditionnel thé beurré-salé - à la grande pièce commune cernée de banquettes et meublée de quatre tables basses. C'est ici que tout le monde dort. Sur un mur, une photo du Dalaï-Lama trône au milieu des lampes à beurre. A côté, une large vitrine où s'entasse les dizaines de trophée de Dicky, devenue la " fierté de la famille ".
Dicky a fait de la montagne son métier. Depuis quatre ans, elles est instructeur de ski, d'alpinisme et d'escalade, à l'HIM (Himalayen mounteneering institute). Dans ce monde d'hommes elle a su se faire un place. " Elle est timide mais excellente alpiniste ", clament ses collègues. Si l'ambiance est bonne, les conditions de travail sont plutôt rudimentaires. Le salaire mensuel de Dicky est de 3.300 roupies (environ 84 euros) et le matériel est d'un autre âge. En Inde, " on n'a pas de bon équipement de montagne et cela coûte très cher " est la triste litanie des montagnards de Manali. Mais le grand défi de Dicky est sans doute d'être une femme alpiniste dans son pays. " Ce n'est pas toujours évident. Parfois, les gens me regardent comme une bête curieuse : 24 ans, pas mariée ! Ils ne comprennent pas … " Le mariage ? " C'est pour plus tard… Mais il faudra sûrement que nous ayons les mêmes activités."
Pour l'heure, la grimpeuse, chaussée de vieilles ballerines, ouvre des voies d'escalade sur les falaise qui font face à l'Institut. Numéros et flèches blanches s'affichent sur les rochers pour " l'arrivée du prochain groupe, des Indiens de Bombay. " En 1996, celle qui a commencé par le ski sur les pentes entourant Palchang, son village natal non loin de Manali, s'est emparée du titre de " championne nationale de ski ". Si participer un jour aux Jeux Olympiques d'hivers ne lui déplairait pas, elle avoue son grand rêve : " skier à Chamonix… "

Texte et photos
Idalina Pereira

Article publié dans le magasine Alpinisme et Randonné - Mai-Juin 99

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