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C'est
l'automne, le début de la saison de récolte de café au
Nicaragua. Malgré la pluie diluvienne qui s'abat depuis plusieurs jours
sur la région de Matagalpa située dans le nord du pays, les
paysans s'activent dans les plantations de café de la cordillère
Isabela.
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Au
fin fond d'une piste boueuse et défoncée : la petite communauté
d'El Porvenir. Francisco Escovar Corea, travaille dans son champ. Comme 28 000
autres petits producteurs (95% des producteurs du pays), il participe à
la production nationale annuelle
des 700 000 sacs de café. Une activité qui représente 40%
de la production agricole. C'est dire à quel point le café, soumis
aux aléas du marché mondial, pèse dans l'économie
nationale.
Sur la parcelle de terre qui jouxte la maison en bois, où vivent Francisco,
sa femme Myriam et leur sept enfants, la production de café s'élève
à vingt quintaux(¹) par an. Un travail pénible, pour un salaire
mensuel d'environ 107 euros (700 francs). " Le café est notre seule
source de revenu et cela nous permet tout juste de survivre " est la triste
litanie des paysans.
Pourtant, à El Porvenir, une lueur d'espoir est née. Depuis que
les villageois ont créé la coopérative " Café
Organico " qui regroupe trente associés, le café est vendu
directement à Cecocafen (Centrale d'Entreprises de Commercialisation
de Café du Nord). Celle-ci, fondée dans la région en 1997
grâce
au regroupement d'une dizaine de coopératives, travaille depuis ses débuts
avec l'association de commerce équitable Max Havelaar,. Cecocafen regroupe
aujourd'hui 1960 petits producteurs qui commercialisent 30 000 quintaux de café
dont 50% sont vendus aux conditions du commerce équitable. Pour Pedro
Haslam, directeur de Cecocafen, " cela permet aux petits producteurs non
seulement d'avoir la garantie d'un prix minimum, mais aussi d'avoir une meilleure
vision du marché et des perspectives d'avenir ". Si
l'organisation a une fonction commerciale, elle a aussi une vocation sociale.
Priorité à " l'éducation, la santé, la diversification
des revenus, l'amélioration des infrastructures, etc
" souligne
Pedro Haslam. Une philosophie qui vise à solidifier la base : les paysans
qui sont la vie sociale et économique du pays. Dans la communauté
d'El Porvenir, on voit les premiers résultats. " Café Organico
" a pu procéder à l'amélioration de la route où
l'on peut désormais conduire les véhicules, financer la création
de la première école du village et la présence d'un professeur.
Les deux cadets de Francisco sont les premiers de la famille à être
scolarisés. " Si nous n'avions plus le commerce équitable,
ce serait une catastrophe : nous serions obligés de vendre notre café,
comme avant, au marché local ou international à des prix très
bas " confie Franciso qui met tous ses espoirs dans le développement
du commerce équitable en Europe.
Texte
et photos
Idalina Pereira
Article publié dans le journal de l'association Max Havelaar
(¹)
Un quintal = 100 livres = 45,4 kilogrammes
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